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Publié le 18 décembre 2020 | Mis à jour à 3PM

Finance in Common : approches collectives pour une crise partagée

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Par Yolanda Banks, Conseillère principale, Affaires générales, 
et Anne-Marie Lévesque, Responsable, Égalité des genres et Impact

La pandémie COVID-19 a interrompu la tenue de conférences internationales en personne, mais fort heureusement, leur déroulement en ligne a emboité le pas. Les responsables de politiques et les décideurs savent qu’ils peuvent aborder plus facilement les problèmes les plus urgents du monde en participant à des forums axés sur le partage collectif de l’information, les engagements renouvelés et la responsabilité mutuelle.

Le premier sommet Finance in Common s’est tenu du 9 au 12 novembre 2020. L’événement, lancé dans le cadre du Forum de Paris sur la paix 2020, a rassemblé plus de 450 banques publiques de développement (BPD) du monde entier. Ces institutions sont chargées de mobiliser le financement des secteurs public et privé ainsi que de l’assistance technique. Les participants au sommet comprenaient également des institutions de financement du développement (IFD) et des institutions financières internationales (IFI) qui sont axées sur les moyens de soutenir les besoins en développement social et économique des pays à revenu faible ou intermédiaire.

FinDev Canada a participé au sommet aux côtés de collègues représentant d’autres IFD et IFI du monde entier. L’événement a exploré le thème du rôle moteur des partenariats dans la réalisation de grands impacts sur le développement économique, social et environnemental. La collaboration avec des organisations de pairs, le secteur privé, des fondations, la société civile et d’autres personnes investies dans le développement international améliore le succès et l’impact.

Comme l’a déclaré Anne-Marie Lévesque, responsable du genre et de l’impact chez FinDev Canada : « c’est impressionnant de voir ce qu’on peut accomplir quand on a les bons partenaires ».

Les séances du sommet étaient conçues pour souligner et renforcer le caractère spécial du rôle actuel des banques publiques de développement. À court terme, nous sommes appelés à élaborer et à déployer des stratégies de rétablissement à cause de la pandémie. Dans le même temps, nous devons poursuivre et même renforcer nos initiatives déjà prévues pour atteindre les objectifs de développement durable d’ici 2030.

Compte tenu des objectifs stratégiques et des priorités d’investissement de FinDev Canada, deux des séances du sommet nous intéressaient tout particulièrement. La première, intitulée « Africa: Towards a Sustainable Recovery for the Private Sector », portait sur les défis économiques et d’affaires particuliers auxquels l’Afrique est confrontée en raison de la propagation de COVID-19 et cherchait à répondre à la question « que peut-on faire ? ».

L’importance de l’Afrique et de l’impact de la pandémie sur ce continent ne fait aucun doute. La Banque mondiale estime que le continent connaitra sa première récession en 25 ans, le PIB reculant de 3,3 % cette année, ce qui coûtera à la région au moins 115 milliards USD en production économique. On s’attend aussi à ce que des millions de gens perdent leur emploi et que jusqu’à 40 millions de personnes soient plongées dans l’extrême pauvreté.

Bien que l’impact de la pandémie sur le secteur privé soit grave, les PME et micro-PME (MPME), dont la plupart sont dans le secteur informel, seront particulièrement touchées. L’impact sur ces entreprises sera énorme, car elles représentent 90 % de toutes les entreprises en Afrique subsaharienne. Les panélistes de la séance ont présenté un éventail de mesures visant à aider les MPME africaines, dont les suivantes : assurer des approches systématiques et holistiques pour soutenir les MPME depuis leur phase de démarrage jusqu’à leur introduction en bourse; offrir de la dette plus subordonnée pour répondre à leurs besoins d’investissement; élargir et renforcer les dialogues sur les politiques afin de créer des environnements plus propices au secteur privé; offrir à la florissante population de jeunes de bonnes possibilités de formation technique et professionnelle combinées à l’apprentissage des compétences entrepreneuriales et concevoir des solutions innovantes et durables pour financer le secteur informel.

Dans l’ensemble, les recommandations étaient axées sur deux idées centrales : attribuer davantage de capitaux et d’assistance technique aux entrepreneurs africains et aux propriétaires de petites entreprises plus rapidement. Dans le cadre de cette initiative, nous nous sommes engagés, en collaboration avec d’autres IFD, à prendre une série d’actions pour soutenir la reprise et la résilience des petites entreprises en Afrique.

Il s’agit notamment d’approfondir la coopération entre nos institutions pour répondre à la crise grâce à des solutions financières inclusives pour le secteur privé, ainsi qu’en offrant de l’assistance technique et des services-conseils au besoin. Dans le cadre de cet engagement, nous avons collectivement annoncé au moins 4 milliards de dollars pour soutenir les entreprises en Afrique d’ici la fin de 2021.

Les femmes au premier plan

La deuxième séance du sommet à laquelle nous avons participé s’intitulait Banques de développement en tant que moteurs du changement menant à l’égalité des genres. Anne-Marie Lévesque, notre responsable de l’égalité des genres et de l’impact, s’est jointe à d’autres participants pour examiner comment nos institutions peuvent réagir à la pandémie tout en faisant progresser l’égalité des genres et l’autonomisation économique des femmes.

Une fois de plus, il était question de l’Afrique étant donné qu’on y trouve la plus forte proportion de femmes entrepreneures au monde. Sur ce continent, une femme sur quatre démarre une entreprise, représentant ainsi plus de 70 % du commerce informel. Lorsque des femmes africaines gagnent un revenu, la recherche indique qu’elles investissent 90 % des sommes gagnées dans l’éducation, la nutrition et la santé de leurs familles. Comme l’a dit un des panélistes, c’est « le plus grand retour sur investissement réalisable sur des fonds de développement investis! »

Anne-Marie a expliqué que l’autonomisation économique des femmes est un moteur essentiel de la prise de décisions chez FinDev Canada. Nous examinons toutes nos transactions en ayant une optique de genre et nous utilisons comme feuille de route pour orienter nos actions les critères du très réussi Défi 2X.

Ces critères sont intégrés à notre processus de prise de décision dès le départ. Nous faisons le maximum pour atteindre deux objectifs :

  1. encourager les entreprises du secteur privé à devenir plus inclusives en matière de genre, et
  2. utiliser notre capital pour diriger davantage d’investissements vers des occasions qui profitent activement et intentionnellement aux femmes en tant qu’entrepreneures, dirigeantes, employées, consommatrices et membres de la communauté.

Les panélistes ont convenu qu’il faut voir les femmes comme les moteurs de toute réponse et de tout rétablissement à la suite de COVID-19. Cela signifie qu’il faudra passer des stratégies ponctuelles et rapides aux besoins des entreprises détenues et dirigées par des femmes, à l’investissement axé sur une optique de genre et visant la reprise et la croissance à long terme. Ces deux initiatives peuvent inclure des fonds pour soutenir une infrastructure durable qui profite aux femmes, l’élargissement des établissements et des services de santé pour les femmes et les enfants, la fourniture d’équipement de protection individuelle, la fourniture de produits et de services axés sur les femmes et un meilleur accès au financement pour ces dernières.

Notre réponse pourrait et devrait également comprendre des investissements plus importants dans « l’économie des soins » où la main-d’œuvre est constituée aux deux tiers de femmes et où « le fardeau que portent les femmes dans ce domaine, tant à la maison que sur le marché du travail, est devenu de plus en plus visible. »

Vanessa Moungar, directrice, genre, femmes et société civile à la Banque africaine de développement, a déclaré ceci : « Nous croyons en ce programme, non seulement parce que c’est la bonne chose à faire, mais aussi parce que c’est ce qu’il faut faire sur le plan économique pour avoir des sociétés plus inclusives et plus résilientes. »

Le sommet Finance in Common s’est déroulé 10 ans avant l’échéance fixée pour atteindre les objectifs de développement durable et s’est terminé par une déclaration commune de toutes les organisations participantes. Chez FinDev Canada, nous appuyons vivement cette déclaration, car elle représente bien les efforts soutenus que nous appliquons afin de bien remplir notre mandat.